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AMOR peint les couleurs de la France salies par le trafic d’armes

Jorge Pomar art exhibition Paris street art graffiti interview Le MUR Oberkampf

Des animaux aux contours naïfs arborant des armes, peints sur un mur public à Paris ? En discutant avec l’artiste argentin Jorge Pomar (AMOR) nous comprenons le peu d’anxiété qu’il éprouve face au contraste que de telles images met en scène.

Venu à Paris pour peindre sur Le M.U.R., l’ancien panneau publicitaire de trois mètres par huit alloué par la ville de Paris pour la promotion de l’art urbain,  sa dernière œuvre enfantine et colorée, véhicule en fait un message bien plus sombre.

Les joyeux rayons de soleil de l’œuvre de Pomar attirent le regard, mais ce graffiti n’a rien d’une scène de jardin d’enfant.

Jorge Pomar art exhibition Paris street art graffiti interview Le MUR OberkampfJorge Pomar utilise une imagerie naïve afin d’attirer l’attention sur des causes plus sérieuses, comme le capitalisme et le commerce des armes.

Jorge Pomar art exhibition Paris street art graffiti interview Le MUR OberkampfJorge Pomar peint le célèbre espace Le M.U.R. dans le quartier vivant d’Oberkampf, dans le 11ème. 

Jorge Pomar art exhibition Paris street art graffiti interview Le MUR OberkampfJorge Pomar en train de peindre à Le MUR (détail). 

Interview par Jessica Zimmerman :

Comment avez-vous débuté dans le monde du ‘street art’ et du graffiti ?

Ce qui m’a motivé, c’est à quel point il est facile de dire des choses dans la rue, à quel point il est simple de créer un lien avec les autres. L’espace commun que nous partageons est le meilleur espace pour travailler. Lorsque vous voulez dire quelque chose la meilleure façon est de le faire dans la rue, comme les publicités.

Jorge Pomar Catálogo de armas Buenos Aires street art graffiti interview Le MUR Oberkampf (4)Catálogo de armas, AMOR, Buenos Aires, 2014.

Votre travail est-il mis en place volontairement pour atteindre les gens ? Pour transmettre un message précis ?

Oui, mais ces jours-ci je réfléchis beaucoup à ce sujet. La grande question est : qu’est-ce que je veux dire exactement ? Cela doit-il être quelque chose de positif ? Peut-être un message autour du changement ? Ou est-ce plus simple que ça… que je n’ai pas de message spécifique mais, que je fais tout ça parce que j’aime dessiner ? Je pense que je suis entre ces options, parce que je les aime toutes. Peut-être que cela dépend de l’endroit et du contexte, ainsi que des personnes qui vont voir la l’œuvre.

Mes travaux les plus récents sont au sujet des armes et des entreprises qui confectionnent des armes à feu. Des pays comme la France, par exemple, produisent des voitures, du vin, du fromage… et des armes. C’est un autre volet de l’industrie ; ils vendent des armes à tous les pays du monde pour tuer leur peuple. Je ne peux pas trouver un sens à cela. Et je n’aime vraiment pas cela.

Donc, vous prenez une position particulière à ce sujet ?

Oui, bien sûr, mais je ne sais pas si ça va changer quoi que ce soit. Il existe la possibilité qu’en exprimant quelque chose, ou même en le dénonçant, je puisse faire changer quelque chose, mais je n’en suis pas sûr.

De façon générale, diriez-vous que vous avez un message ou une philosophie derrière votre travail ?

Quand j’ai commencé à peindre, j’ai commencé à faire des graffitis comme tout le monde, je voulais communiquer mon identité. Cette scène est tout au sujet de la création d’un nom. Mais après quelques mois, je me suis rendu compte qu’il n’y avait absolument aucun sens à répéter simplement mon nom, seulement pour dire bonjour. Il est inutile de dire simplement “Jorge Jorge Jorge”. J’ai décidé que je voulais dire quelque chose de plus transcendant, c’est comme ça que j’ai commencé à écrire le mot « Amor », ce qui signifie l’amour, et ce qui m’a ouvert beaucoup de portes. Peut-être que c’est un peu « cursie » – un mot très spécial en espagnol – une façon un peu kitch et un peu niaise pour dire adorable. Mais parfois je me sens comme ça. D’autres fois, je sens qu’il y a une plus grande responsabilité dans l’écriture de ce nom, mais je suis à l’aise avec ça. Je pense que c’est important d’exprimer ce qu’on veut dire dans la rue et si ce message arrive à être positif, tant mieux.

Amor street art Buenos Aires graffiti artist interviewBuenos Aires, 2014.

Alors, maintenant sous le nom « Amor », vous dessinez des armes ?

Oui et c’est un grand contraste n’est-ce pas ? Une grande différence, mais je n’ai pas de problème avec cela, parce que cela fait partie du même langage. Les armes viennent de la haine et la haine est le contraire de l’amour, donc ça me semble de tout à fait normal. Mais je comprends que ça puisse paraître un peu bizarre, un gars qui répète « love love love », et ce n’est pas un message d’amour envers les armes à feu, c’est le contraire, mais j’aime ce contraste.

Dans mes travaux les plus récents, il y a quelques personnages spécifiques qui ont évolué autour de ce thème. Ce sont tous des animaux très innocents et naïfs : ours, lions, tous dans des couleurs pastel pour donner un effet ‘jardin d’enfants’. Mais ils portent des fusils. Il n’existe aucun moyen pour qu’un animal puisse porter une arme, surtout pas un animal innocent, donc j’aime créer une sensibilité un peu étrange, une image qui vous fera réfléchir sur l’utilisation de ces armes.

León con botas street art Buenos Aires graffiti artist interview« León con botas », Curuzú Cuatiá, Provincia de Corrientes, Argentina, 2014.Gato con botas street art Buenos Aires graffiti artist interview« Gato con botas », Argentina.

Je suis heureuse que vous parliez les animaux, je voulais vous poser des questions sur l’imagerie que vous utilisez. Il y a des animaux, un côté figuratif, mais aussi quelque chose de plus abstrait …

Durant cette dernière année, j’ai essayé de formuler une déclaration sur l’esthétique de mon travail. J’essaie d’utiliser des animaux, des abstractions, des formes géométriques, des villes, des plantes et des éléments biologiques pour ouvrir autant de portes que possible. Quand je suis en face d’une nouvelle peinture je fais exactement ce que je ressens sur le moment, mais il est parfois préférable d’avoir une ligne claire à suivre. Je pense que je suis à ce point où j’ai besoin de localiser cette ligne et de la respecter pendant quelques mois, pour accomplir une série de travaux qui sont plus responsables et propre à un seul sujet.

Y a-t-il une valeur symbolique particulière derrière les images que vous choisissez?

Oui, bien sûr, bien sûr. Elle dépend aussi du lieu et de pourquoi je suis en train de peindre. Par exemple, si je travaille sur une commission, je ne vais pas peindre des animaux avec des fusils, je vais choisir quelque chose de plus drôle et de plus innocent, comme les plantes. Tout le monde aime les plantes. Je suis payé et c’est super, merci, au revoir.

Si je travaille sur un mur abandonné alors je ferai tout ce que je ressens sur le moment. Et en ce moment, c’est des animaux. Des animaux avec des fusils.

Il est clair que le contexte est très important pour vous.

Parfois, quand je fais du graffiti, seulement du graffiti, je ne m’inquiète pas du contexte. Il s’agit simplement de m’amuser et de marquer un territoire ; une présence symbolique. Il peut aussi fonctionner comme un logo ou une marque et dans ce contexte particulier, je peux réutiliser la même esthétique. Mais ça reste du graffiti, rien de profond.

Vous avez une pratique extérieure très développée et très complexe, mais vous avez aussi votre travail réalisé sur papier, est-ce que vous les voyez comme deux pratiques distinctes ? S’informent-elles mutuellement ?

Je pense qu’il y a une grande différence. Tous les sujets sont liés d’une certaine façon, mais le papier en lui-même est un sujet à part, où je peux dessiner de façon abstraite, faire du lettrage, ou même commencer à dessiner des voitures des années 80. Peut-être que cela n’a aucun sens logique, mais beaucoup de gens voient des liens entre mon travail à l’extérieur et à l’intérieur. Je ne le vois pas encore, mais essentiellement j’essaye de créer un monde complet à travers ces deux formes de pratiques.

Une sorte de monde miniature ?

Exactement, un monde personnel. Avec beaucoup d’éléments très différents, mais faisant tous partis du même monde.

Serait-il juste de dire qu’avec vos œuvres sur papier et dans la rue, vous créez un univers personnel ?

Exactement. C’est exactement ça. Tous les éléments, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, existent dans la même réalité.

Marfa, Plumas & Amor street art Buenos Aires graffiti artist interview« Marfa », Plumas & Amor, Buenos Aires, 2013.

Maintenant une question complètement différente : qui vous inspire?

Il y a beaucoup d’artistes, mes amis de l’Argentine, les membres de mon groupe, des ordures dans la rue, PixaçaoJoan MiróHorphée, et beaucoup d’écrivains Français.

Les livres pour enfants jouent également un rôle important dans mon travail. J’adore l’imagination enfantine. Plus précisément, je pense que le livre Moon Man par Tomi Ungerer, illustrateur français, est incroyable.

Je regarde aussi Heráldica, qui est l’étude des boucliers médiévaux. Je suis aussi très intéressé par le Moyen Age et cette époque où toutes les familles avaient leurs propres boucliers conçus avec des éléments symboliques spécifiques. Je trouve ça fascinant et si mystérieux. Ce fut un moment sombre de l’Histoire, tous ces châteaux et ces éléments mystiques.

Patricio, 19 pájaros y Mu street art exhibition Buenos Aires graffiti artist interview Underground Paris« Patricio, 19 pájaros y Mukenio », Plumas & Amor, Buenos Aires, 2014.

Amor & Plumas street art Wynwood Walls graffiti artist interviewPlumas & Amor, Wynwood, Miami, 2013.

Pouvez-vous nous parler un peu de vos publications ? Il y a trois livres distincts, en quoi sont-ils différents ?

Le premier a été fait avec mon amie Nadia Patrian, chez Jellyfish.

Cela parle de la magie et du mysticisme. Elle a sélectionné une vingtaine d’artistes argentins, américains et européens dont le travail correspondait au sujet, pour créer un gros livre, très coloré et publié en couverture rigide. J’aime énormément le travail qu’elle a réalisé. Le deuxième livre est une collection de photos que j’ai faites avec quelques amis quand nous avons pris un cours de photographie dirigé par le photographe argentin Guillermo Ueno. Le livre n’a pas de texte, seulement des images.

Le dernier livre que j’ai publié était avec P. Vector Codierer, un très bon ami de Berlin qui a vécu en Argentine quelques mois. C’est un écrivain, un très bon écrivain. Il a réalisé de nombreux travaux en Allemagne et en Argentine avec un style très particulier. C’est un gars délirant et nous avions donc décidé de faire un livre sur une grande mosquée en Argentine. Nous avons commencé à développer un concept autour du graffiti arabe, en partant du principe, qu’à la base, le graffiti est quelque chose d’occidentale qui vient de l’alphabet grec. Vous pouvez lire à gauche à droite, mais en arabe vous lisez de droite à gauche et avec le lettrage, vous ne pouvez pas le comprendre, sauf si vous parlez la langue. Alors, on a choisi la mosquée parce que c’est un endroit incroyable et si mystérieux.

Jorge Pomar art exhibition Paris street art graffiti interview Le MUR Oberkampf Buenos Aires street artist (28)

Jorge Pomar art exhibition Paris street art graffiti interview Le MUR Oberkampf Buenos Aires street artist (25)‘Orientaliste’, le zine de graffiti réalisé avec l’artiste Berlinois, P. Vector Codierer.

A-t-il été bien reçu ? Quelle a été la réaction du public ?

Il a été très bien reçu, les gens étaient vraiment intrigués par son côté inconnu et c’est devenu un livre très étrange en effet. Nous n’avons fait que cinquante copies, de cette façon seulement quelques personnes possèdent le livre. Nous avons également fait une grande présentation pour le lancer, qui a rassemblé beaucoup de monde. Les gens étaient curieux parce que c’était quelque chose de très bizarre, mais très sérieux en même temps. C’est incroyable de voir comment, en l’espace de quelques mois, vous pouvez partir d’une idée et avoir la version finale, réalisée dans votre main.

Quelle est la différence principale entre la production d’art pour un livre et celle pour la rue ?

Le principal facteur est le temps. Créer un livre peut prendre une année ou plus. La création d’un graffiti prend un ou deux jours, peut-être juste quelques heures. Faire de la peinture dehors est une expérience immédiate ; c’est vivre dans l’instant, alors que le livre est un procédé beaucoup plus lent.

L’idée de faire un livre avec seulement des images me semblait un peu étrange parce que j’aime écrire, et je pense que le dialogue entre le texte et les images, si c’est bien fait, peut-être vraiment intéressant. Peut-être que la prochaine fois, je vais faire une œuvre sur ces textes manquants, avec une image ajoutée sur le côté.

Jorge Pomar art exhibition Paris street art graffiti interview Le MUR Oberkampf Buenos Aires street artist (25)« Where Da Track At », AMOR.

SAMOR street art exhibition Buenos Aires graffiti artist interview Underground Paris« SaMoR », AMOR and SAM, 2011. 

SAMOR street art exhibition Buenos Aires graffiti artist interview Underground Paris

AMOR Buenos Aires graffiti artist interview

Quelle est votre ville préférée pour travailler ?

Buenos Aires, parce que c’est ma ville et je la connais très bien. Je sais où aller, à quel moment et comment se comporter. C’est peut-être même plus important que l’endroit ; le comportement. L’attitude est probablement la chose la plus importante dans le monde de la rue. Buenos Aires est aussi une ville très relax, il y a beaucoup de personnes qui reçoivent bien le graffiti et le street art, pas comme dans d’autres parties du monde où les règles sont si strictement imposées.

Donc, vous avez moins peur des conséquences et de vous faire prendre à Buenos Aires?

En fait, aujourd’hui, j’ai moins peur de me faire prendre n’importe où. Aux États-Unis je suis toujours nerveux, parce que les règles sont si strictes. C’est très facile d’y avoir une très mauvaise expérience. À Buenos Aires c’est très simple, vous pouvez parler à la police comme à un être humain. Vous pouvez expliquer ce que vous faites. Aux États-Unis, je ne pense pas que vous pouvez parler à la police à cause de leurs préoccupations autoritaires. Mais je comprends cette préoccupation, parce que c’est le genre de société qu’ils veulent et c’est la façon dont ils fonctionnent. Je ne sais pas si c’est bon ou mauvais, mais parler est la meilleure façon de communiquer, si vous pouvez y arriver bien sûr.

Orbita antigua de la luna Amor street art Buenos Aires graffiti artist interview« Orbita antigua de la luna (Old orbit of the moon) », Buenos Aires, 2014.

Naive graffiti street art Brazil by Buenos Aires graffiti artist interview « A verdadeira fortaleza se encontra dentro de nos », Festival « Concreto », Fortaleza, Brasil, 2013.

Et pouvez-vous comparer Paris à Buenos Aires ?

Il y a beaucoup de peintres ici, je pense que les gens commencent peut-être à en avoir marre. Peut-être que non… Mais il y a tant d’artistes qui ont eu une présence si forte depuis les années 90. À Buenos Aires, c’est quelque chose de nouveau, donc avec cette fraîcheur vous pouvez faire quasiment ce que vous voulez et c’est toujours une innovation. Ici, je ne sais pas, il y a une sensation différente. Peut-être que vous avez besoin de demander la permission avant de peindre plus qu’à Buenos Aires. Il y a beaucoup plus de règles et des règles différentes auxquelles je ne suis pas habitué. C’est plus bureaucratique je pense ; et comme dans toutes les villes, la bureaucratie est présente partout, en particulier dans le mouvement dont nous parlons et dans la question de l’espace public et privé.

Hier à Atlanta j’en discutais à un festival, Living Walls. Il y avait de nombreux artistes du monde entier, certains très connus, qui venaient pour la création d’œuvres murales gigantesques. J’ai peint lorsque j’étais là bas, mais je n’ai pas participé directement. Beaucoup de gens aiment ça, mais il y en a encore beaucoup qui sont toujours opposés à l’art public. Ils voient cela comme quelque chose de très envahissant. Je trouve que c’est stupide parce qu’ils se plaignent de quelqu’un qui vient de peindre un mur, mais c’est seulement de la peinture. Peut-être qu’à côté du même mur, dans le coin, il y a un gars sans-abri, ou peut-être dix gars sans-abri qui demandent de l’argent pour manger, ou pour nourrir leurs enfants, mais les gens ne voient que la peinture. Ils ne voient pas la pauvreté, ils ne voient pas les autres gens.

C’est quelque chose de très fréquent à Buenos Aires, ces vieilles dames riches qui se plaignent tellement quand je fais de la peinture dans la rue qu’elles appellent la police. Alors, la police arrive et j’explique que j’ai la permission et puis ils s’en vont immédiatement. Mais les vieilles dames continuent de se plaindre. Je voudrais leur dire, c’est seulement de la peinture ! Ne vous inquiétez pas, occupez-vous plutôt de vos affaires, de votre vie. Ou si vous voulez vous plaindre, utilisez cette énergie pour aller acheter du riz pour ce gars qui est en train de mourir dans la rue. Je pense que la situation se répète dans chaque ville. Je pense que nous sommes très ignorants, et parfois, très stupides.

Donc vous voulez réveiller les gens un peu ?

Honnêtement, je ne sais pas si c’est possible, mais je veux faire ce que je peux. Se réveiller est très difficile, même pour moi-même, il est difficile de prendre conscience de certaines choses.

Donc vous pensez que nous avons tous besoin de nous réveiller ?

Absolument. Je pensais à tout ça dans l’avion en quittant Atlanta … le monde est vraiment foutu en quelque sorte. Je me demandais dans l’avion, où vont toutes ces personnes une fois débarquées à l’aéroport ? Et les déchets de l’avion, ils vont où ? Quelqu’un m’a donné trois gobelets en plastique, je n’ai besoin que d’un seul, pas trois. Ils jetaient toute cette merde dans un sac. Je me demandais combien d’avions voleront par jour et quelle quantité de déchets ils vont jeter, et combien de dollars chaque personne a donné à ces entreprises. Je ne sais pas, nous sommes dans un moment très unique ici dans le 21e siècle. La guerre est toujours là, la pauvreté est toujours là, la différence… L’individualité, le matérialisme … Tout ce qui se passe avec tous ces aspects à la société. Parfois je me sens inquiet à ce sujet, mais après j’oublie.

Oublier, est-ce un acte pessimiste ou optimiste ?

Parfois, je ne sais pas si c’est bon d’oublier. Parfois, c’est cool, parce que vous ne pouvez pas vivre avec ces pensées lourdes, tout ce genre de pensées que j’ai là, maintenant. Alors je pense parfois que je préfère aller dormir et ne jamais me réveiller. Peut-être que j’ai besoin de ça, comme tout le monde, sauf si vous êtes Gandhi ou Mère Theresa ou quelqu’un comme ça.

Est ce que vous pensez qu’on se dirige vers une implosion et qu’à la fin on sera vraiment foutus, ou est ce qu’on va réaliser qu’on doit changer les choses rapidement ? Et que peut-être ça peut s’améliorer ? 

Je pense à ça tout le temps. Je ne sais pas comment ça va se développer. Plus probablement, on va continuer dans la même direction, plus de consommation, plus d’ignorance. Peut-être que quelques personnes, des artistes, des pacifistes, quelques groupes politiques, vont changer un peu, mais je pense que la plupart des gens vont continuer sur le même chemin. Je ne sais pas, je regarde la façon dont nous avons évolué en tant qu’êtres humains. Je suppose que le temps nous le dira. Oui, c’est toujours comme ça, le temps nous le dira. Le temps est très sage.

Pendant que vous êtes à Paris, espérez-vous réaliser beaucoup de travail?

Oui, même si je suis venu ici d’abord pour faire Le M.U.R. Avant d’arriver, j’ai contacté beaucoup d’artistes parisiens, comme Sonic. Il y a beaucoup d’autres murs que je veux faire. En fait, je veux faire un mur par un jour. Ça doit être comme ça cette fois, je ne suis pas ici pour faire du tourisme. Pas cette fois, c’est une question de travail.

Proyecto Tenis, Gomo & Blem & Amor street art exhibition Buenos Aires graffiti artist interview Underground Paris« Proyecto Tenis », Gomo & Blem & Amor, Buenos Aires, 2010.

Creo & Amor, Buenos Aires street art exhibition graffiti artist interview Underground Paris Creo + Amor, Buenos Aires, 2012.

Amor, Buenos Aires interview « Pixoamor », AMOR rooftop graffiti in Buenos Aires.

Jorge Pomar’s site, ici.